par Patrick Baronnet
Notre expérience s’est inscrite dès le début dans le cadre d’une recherche de scénarios crédibles pour l’avenir. Nous avons essayé d’harmoniser bonheur et sobriété. De la même manière, nous avons tenté de conjuguer science et intuition, bon sens et rationalité, savoirs faire séculaires et technologie de pointe. Nos toilettes sèches, bien que scientifiques mais faisant appel à des techniques rudimentaires efficaces, peuvent côtoyer une éolienne de haute technicité mais paradoxalement simple.
Sans a priori nous avons choisi » l’outil approprié » au besoin à combler en optant pour les solutions légères, les plus économiques et maîtrisables par tous ceux qui passent à l’acte. Une technique chère et d’un entretien dépendant n’est pas écologique, car réservée à la minorité. L’eau de pluie: halte au commerce de l’eau » L’eau de pluie n’est pas potable … les toilettes à litières sont un retour au passé. » Il nous faut remonter la pente des préjugés savamment entretenus par les marchands d’eau. Nous buvons l’eau de pluie depuis 5 ans. C’est une des meilleures eaux à boire, faiblement minéralisée donc épurative, » 2000 fois moins polluée que la moyenne des eaux souterraines » ( Joseph Orszagh ) Moyennant des précautions dans le captage et le stockage, une filtration de 20 microns suffit pour toutes les utilisations sauf pour l’eau potable qui nécessite un filtre bactérien plus poussé de l’ordre de 0,7 microns, l’osmose inversée n’étant pas justifiée. De l’eau gratuite pour la vie et les enfants de nos enfants. Investissement de départ: terrassement, 2 citernes de 4 m3 , pompe et filtration: 1500 euros Consommant pour la maison 10 fois moins d’eau que l’incroyable moyenne des Français: 150 litres / jour/personne ! nous bouclons la saison sèche aisément. L’appropriation par la collectivité de » l’eau courante au robinet » et du » tout à l’égout » nous a éloigné de ces réalités vitales que sont l’eau, la nourriture, l’énergie, l’habitat. Les techniciens les » spécialistes » formés dans une seule direction nous ont pris le pouvoir bien avant que les politiques ne le fassent. Oui, nous le répétons. Le désintérêt de la chose publique a pris naissance au moment où les besoins vitaux ont été pris en charge par la collectivité en échange d’un salaire. Allez à la production, on s’occupe de votre confort. L’histoire fait bizarrement l’impasse sur les résistance des paysans refusant les usines et les ouvriers eux-mêmes, refusant le machinisme ! La « révolution » des toilettes à litières Il nous est devenu insupportable de tirer une « chasse d’eau ». Ce geste est le parfait symbole d’une technique non durable. La généralisation quasi absolue de sa pratique a fait oublier, même pour les plus avertis que 40% de l’eau, chèrement potabilisée est gaspillée pour gérer nos déchets qui devraient impérativement retourner à la terre. 40% des eaux de surfaces sont également polluées par les chasse d’eaux. La banalisation d’une pratique n’est en aucun cas un justificatif. Nous sommes bien placé pour savoir que sa remise en cause est des plus difficile; mais paradoxalement, les premiers préjugés dépassés, nous sommes ravis de constater qu’ à force d’enfoncer le clou, les toilettes à litières sont en train de créer une vraie et saine révolution: car ces toilettes sans eau sont une pédagogie formidable pour pratiquer le développement durable; elles nous « engagent » tous les jours avec insistance dans le vécu de notre appartenance à la Terre. En effet : je mange, je digère, je donne mon présent à la Terre en y rajoutant 2 louches de sciure; je le compost avec méthode en y ajoutant les autres déchets organiques et de la paille; le compost mûr est réintroduit dans la terre, fertilise généreusement nos légumes et nos arbres et je mange à nouveau les fruits de cette alchimie. La boucle est bouclée. J’ai participé au cycle de la vie et je comprend que ce recyclage autorise la continuité de l’humus et de l’humain, en toute humilité. J’ai fais un acte humble dont l’efficacité rend dérisoires toutes ces techniques chères, énergivores, complexes et polluantes, inventées par notre pseudo civilisation pour épurer une eau » potable » qui n’aurait jamais due être souillée. Cette technique est simple, économe, efficace. Rappelons que la « République Française a été condamnée par la Cour Européenne de Justice le 23 septembre 2004 pour ses carences en matière d’épuration des eaux. » L’autonomie électrique: le soleil et le vent Une éolienne prototype, fabriquée aujourd’hui en série et accessible financièrement, 6 m² de photopiles, notre consommation de 4 kWh, soit 3 fois moins que la moyenne des Français, avec cependant tout le confort … autant de facteurs qui nous ont permis de couper le cordon ombilical nous reliant au « monopole ». Aujourd’hui , tout est au point: c’est si simple, efficace. Nous passerons notre vie à dire, à crier, que la vie est simple si nous prenons la responsabilité de penser . Vivre par procuration, se laisser séduire naïvement en abandonnant le courage de créer la vie qui nous est assignée, c’est se condamner au néant, soi, et le monde. Les problèmes techniques ne sont que des enfantillages que les « gens sérieux », à haute responsabilité, considèrent gravement. Ils sont dérisoires devant une résurrection des consciences dont l’efficacité dépasse tous les « rendements ». Outre les paramètres qualitatifs rarement pris en compte, le bilan financier et énergétique de notre maison laisse les moteurs de formule 1 loin dernière nous : le simple fait de créer une richesse à partir des déchets engendre un rapport proche de 100% puisque la matière première est gratuite ! Le vrai développement durable, c’est çà. En apprivoisant les règnes vivants pour bâtir un mode de vie, nous nous sommes créés une abondance car ces ressources là sont inépuisables. Nous en faisons la preuve nous les jours: Il pleut: nous sommes contents les légumes poussent, les citernes se remplissent. Il fait soleil: les légumes poussent, la maison et l’eau sont chaudes Il fait du vent: l’éolienne tourne et charge nos batteries. Tout est là pour nous faire vivre pourvu que nous soyons reliés aux éléments vitaux. Nous comprenons mieux ainsi l’essence de la civilisation amérindienne pour qui la devise omniprésente était ce » Mitakuye oyasin » rappelant à chacun que » Nous sommes tous reliés « , non seulement aux humains mais à toute la création. Les 21 et 22 juillet, venez participer à l’Ecofestival de Moisdon la Rivière -44-. www.heol.org tél : 02 40 07 63 68.