par Jean-Robert Gillardeaux
Passés maîtres dans l’art de l’observation, les chinois ont acquis tout au long de leurs cinq mille années de civilisation, une connaissance de l’espace et de l’environnement sans commune mesure de par le monde. Aujourd’hui cette science est diffusée à tous les peuples afin qu’ils puissent vivre en accord entre eux et avec leur Terre, et cette science s’appelle le Feng Shui.
– Le pays où le grand artiste c’est le Temps
Une des choses les plus frappantes pour l’occidental moyen, lorsqu’il prend le temps de visiter la Chine un peu en profondeur, c’est la prise de conscience de l’amour que ce peuple porte, et a toujours porté, à la nature. Cela nous interroge d’autant plus qu’aujourd’hui nous avons la certitude que de l’écologie et de la protection de l’environnement les chinois n’en ont strictement rien à faire.
Il est vrai que très régulièrement de scandaleuses « affaires » provenant de Chine, et affectant l’environnement au sens le plus large du terme, nous sont révélées. Cependant, il n’en demeure pas moins que fondamentalement (et on pourrait presque dire « ontologiquement » tant cela remonte aux origines les plus lointaines de la culture chinoise) l’attitude contemplative et admirative (Yin) du chinois face à la nature s’oppose en tout point à celle dominatrice et oppressive (Yang) de l’occidental.
Et pour illustrer cela, voici quelques exemples :
Quand d’un vieil arbre on fait un vénérable monument… Dès qu’il atteint un âge respectable, cinq cents ans ou plus, et ce quelle que soit son espèce, l’arbre fait l’objet de toutes les attentions. Les chinois savent qu’il lui a fallu posséder un « pouvoir », une force, une énergie (Qi) considérable pour en arriver là. Alors on panse ses blessures avec des emplâtres, on soutient ses lourdes branches avec de grands échafaudages, on lui apporte des offrandes, on le vénère, on l’embrasse pour capter sa puissance, on s’y adosse afin que son souffle puisse pénétrer dans la colonne vertébrale. On le visite, on l’admire, on le flatte, on suspend à ses branches des souhaits. Il est devenu un véritable objet de vénération.
… d’une pierre trouée, une splendide statue et d’une simple tranche de marbre, un véritable tableau de maître. Il y aurait bien d’autres exemples à citer pour illustrer cette vénération que les chinois ont toujours portée aux oeuvres du Temps : les pierres sculptées par l’érosion qui sont érigées comme de véritables statues dans les parcs, ou sur les places ; les tableauxnuages constitués par ces coupes de marbre que l’on suspend au mur ou qui servent de décoration dans l’ameublement, et qui permettent à notre imagination de vagabonder dans des paysages enchanteurs (au fait, qui aurait donc « inventé » l’art abstrait ?).
> La science « des Vents et des Eaux »
Nous comprenons alors pourquoi c’est ce peuple, si respectueux, si contemplatif et si méditatif, qui a peut-être su le mieux conceptualiser la relation entre l’homme et ses divers espaces de vie. La science du Feng Shui, littéralement « Vent et Eau », est l’art de l’harmonisation avec son environnement.
Un art de vivre au milieu des éléments naturels, en profitant de leurs bienfaits mais aussi en se méfiant de leurs effets pervers. Car, ne soyons pas naïfs, chaque chose en ce monde (que les chinois ne qualifient surtout pas de bas), porte en lui un aspect Yin et un aspect Yang, c’est-à-dire dans le cas présent, une influence positive et une influence négative. Le soleil est bienfaisant, nous le savons… mais à condition de s’en préserver lorsque ses rayons sont trop forts.
Le Feng Shui aborde la recherche des codes qui, dans des situations et des lieux particuliers, gouvernent et influencent la vie. Il traite autant des grands espaces (pays, villes, lotissements…) que des espaces plus circonscrits (immeuble, bureau, chambre…) et prévient de leur dégradations naturelles (cataclysmes, épidémies, incendies…) ou humaines (troubles sociaux, maladies…).
Les taoïstes, qui sont à l’origine de la lecture tripartite du monde (Terre/ Homme/Ciel) qu’utilise le Feng Shui, posent que l’univers existe par luimême. L’Homme, par l’intelligence dont il est dotée et par l’éducation qu’il peut acquérir, est à même d’assurer et de garantir l’équilibre et l’harmonie de l’axe vertical Terre-Ciel.
Il est ainsi le médiateur privilégié entre ses semblables, le Ciel et le Terre et possède l’extraordinaire pouvoir d’influencer son environnement et son milieu de vie (et ce n’est pas l’état actuel de la terre qui peut nous infirmer). L’art du Feng Shui concerne tous les hommes car il est fait pour eux, et même pour chacun d’entre eux puisque c’est une science personnalisée.
Pour replacer l’homme à sa juste place dans l’univers, il importe donc de l’appréhender au-delà des apparences ou de l’aspect particulier qu’il présente à un instant précis, il faut le saisir dans son essence. Pour ce faire, le Feng Shui utilise non seulement les célèbres systèmes des Cinq Eléments et des Huit Trigrammes mais aussi, beaucoup moins connus, ceux des Troncs Célestes et des Branches Terrestres qui se servent de l’heure, du jour, du mois et de l’année de naissance du consultant pour agencer judicieusement les lieux d’habitation et de travail. De ce fait le Feng Shui rejoint ici la médecine traditionnelle chinoise qui elle aussi calcule les points à puncturer pour le traitement en fonction des mêmes Troncs et Branches.
Le composé Feng Shui, s’il n’explique rien, dit pourtant l’essentiel : ce n’est que par les choses visibles (Eau) que l’on peut atteindre l’invisible (Vent). Ce n’est que par la juste interprétation des phénomènes naturels qu’il est possible, indirectement, d’appréhender des états de choses non directement observables en eux-mêmes.
On comprend de ce fait qu’il va beaucoup plus loin et nous implique beaucoup plus qu’un simple aménagement intérieur comme on a trop souvent tendance à le restreindre. Il est, avant tout, prise de conscience d’un destin et d’une responsabilité individuels car les hommes vivent entre Ciel et Terre comme le foetus à l’intérieur du ventre de sa mère. Chacun de nos mouvements, chacune de nos respirations passent par les énergies de la Terre et du Ciel, qui nous sont alors transmises par l’Eau et le Vent.
Jean-Robert Gillardeaux Directeur de l’Institut Xin’an
L’Institut Xin’an travaille en relation avec l’Université de Médecine Traditionnelle de Shanghai. Il forme aux diverses méthodes traditionnelles chinoises : Acupuncture, Pharmacopée, Massage, Arts énergétiques, Réflexologies, Yi Jing.
L’Institut organise une formation au Feng Shui les 25 et 26 avril, au Hameau de l’Etoile – 34380
Infos : www.institut-xinan.com