par Michelle Duvivier-Marciano
Ce récit-document, construit comme une suite de petites nouvelles, revisite les étapes marquantes de la vie d’une soignante à l’orée de son parcours humain. Grâce à ses qualités de coeur et à la richesse de ses expériences, Myriam pointe l’urgente nécessité de reconnaître les valeurs essentielles qui jalonnent souvent clandestinement nos existences. À travers ses souvenirs partagés, elle nous incite à poser dès aujourd’hui un regard conscient, pacificateur et essentiel sur nous-mêmes, les autres et le monde.
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A tous ceux qui ont “l’âme soignante”
Impliquée depuis de nombreuses années dans l’accompagnement psychologique des équipes médicales confrontées à la maladie et à la mort, Michelle Duvivier-Marciano a voulu rendre hommage non pas seulement aux soignants, mais à tous ceux qui ont “l’âme soignante”. Sous ce terme, elle souhaite désigner tous ceux qui placent l’autre au coeur de leurs préoccupations.
Très sensible à l’exigence personnelle de ces infirmiers et aides-soignants qu’elle a côtoyés et côtoie toujours en unités oncologiques et de soins palliatifs, elle a voulu, à travers le personnage de Myriam, mettre en évidence les questionnements profonds, les confrontations personnelles, la nécessaire quête de sens face aux épreuves.
Petit à petit, le récit va étendre l’expérience personnelle de Myriam à d’autres facettes de son existence, révélant ainsi, à travers son regard dépouillé sur sa propre histoire, la dimension universelle de sa quête d’humanité.
> A propros du titre : “l’éther du monde”
Dans la culture occidentale, on parle d’éther pour désigner ce qui relève d’une perception subtile du monde, ce qui n’est pas directement accessible et qui pourtant est présent.
Dans la tradition hindouiste, l’éther (Akasha) est le premier des cinq éléments, avant l’air, le feu, l’eau et la terre. Il est à la fois le plus essentiel et le seul à englober les qualités de tous les autres.
Dans cette tradition ancienne, il est dit également que l’Akasha renferme des annales où est inscrite la mémoire de l’humanité (les annales akashiques). Tout ce qui s’est produit un jour dans l’espace-temps y reste enregistré pour l’éternité. C’est de l’Akasha que naît toute chose et c’est à l’Akasha que tout retournera, ultimement.
Ainsi, pour Myriam, respirer l’éther du monde, c’est chercher à atteindre cette dimension à la fois insaisissable et omniprésente qui se cache derrière les apparences et les conditionnements. C’est vouloir s’inscrire dans la mémoire des hommes, mais c’est aussi aspirer à graver dans son être le plus profond la richesse et la force de son expérience de vie.
En relisant les pages les plus marquantes de son existence, elle nous dévoile la face cachée des choses et finit par attribuer une place centrale à cette part invisible, silencieuse ou mutique qui aura, parfois à son insu, tout coloré.
> Apprendre de l’expérience des autres
« Lorsqu’on accompagne des personnes en fin de vie, dit un soignant, on cherche nous font partager de leur regard sur l’existence. En rentrant chez nous, et en retrouvant une famille, des enfants, on accorde une valeur beaucoup plus grande à ce qu’on a déjà. Du coup, on n’est plus du tout à la recherche de distractions exceptionnelles. On est moins exigeants sur des détails. On profite mieux de tout.
Parfois, et ça c’est plutôt douloureux, on se sent décalés par rapport à nos propres amis à cause de la force de nos expériences et de nos prises de conscience. C’est un peu radical à vivre tout ça, mais quelle richesse ! Pour rien au monde, on n’échangerait notre place !
On aimerait vivre chaque jour en gardant présent dans nos esprits les vérités fondamentales que nos patients nous apprennent. C’est souvent une espèce de longue lutte avec les tracas du quotidien avant de parvenir à intégrer ces enseignements d’une façon, je dirais un peu plus permanente… C’est peut-être curieux à dire, mais c’est un travail où on se sent plus vivant qu’ailleurs. »
Ce témoignage si représentatif de l’expérience soignante illustre une a u t r e q u e s t ion e s s e nt i e l l e q u i traverse l’ouvrage de part en part : comment atteindre a u j o u r d ‘ h u i l a richesse de compréhension, le dépouillement et la transparence de regard, l’intensité de perceptions et de ressentis dont témoignent souvent ceux que nous accompagnons jusqu’aux confins de la vie ?
Partager la condition humaine De Lysiane, l’amie trop tôt disparue, à Agnès, l’accompagnante d’aujourd’hui, de la Petite Fille de Manille à “l’enfance engloutie par la misère”, à la petite mésange qui s’éteint dans les mains de Myriam, de Cécile, la jeune polyhandicapée, au taxi libanais exilé au Québec, chaque étape de cette balade à travers les souvenirs vivants de l’héroïne est l’occasion d’un partage et d’une reconversion des souffrances de l’existence, d’un message à délivrer, d’une clé de compréhension à recueillir, sur fond d’humanisme et de quête de compassion.
Michelle DUVIVIER-MARCIANO est psychologue clinicienne intervenante et hypnothérapeute. Elle s’intéresse également à la recherche en neurosciences et aux soins traditionnels et co-anime des séminaires d’énergétique au sein desquels elle propose une démarche concrète de développement personnel.
“L’éther du monde” est son premier livre.
Courriel : M.D.M@club-internet.fr
Blog : http://michelleduvivier.unblog.fr